Avant de s'entraîner pour l'Ironman 70.3 Mont-Tremblant, la distance la plus longue (et la plus rapide) qu'Estheban Archambault ait jamais courue était lorsque des policiers le poursuivaient après une soirée de beuverie.
Une vie entière d'anxiété débilitante a conduit à des comportements autodestructeurs utilisés comme mécanismes d'adaptation. Auto-mutilation. Anorexie. Abus d'alcool. Archambault était dans une spirale descendante quand il a trouvé quelque chose, tout à fait par accident, qui a changé cette trajectoire. Le triathlon.
Hors de l'obscurité
Les terreurs nocturnes sont monnaie courante pour Archambault depuis son enfance. L'année dernière, cherchant désespérément un moyen de dormir toute la nuit, il a commencé à courir sur un tapis roulant pour se pousser à l'épuisement. Cela a fonctionné. Il a dormi toute la nuit. "Ce que j'ai découvert", se souvient Archambault, "c'est qu'un effet secondaire de l'exercice me faisait me sentir mieux mentalement. J'étais heureux. Ce n'était pas quelque chose que j'avais beaucoup expérimenté."
Il a commencé à nager, ce qui lui a procuré plus de bonnes sensations et moins de haine de soi induite par l'anxiété, moins de pensées suicidaires. Il avait vu sa part de médecins, de psychiatres et de psychologues. Ils lui avaient prescrit des médicaments. Mais aucun n'avait suggéré l'exercice comme moyen de sortir de l'obscurité.
Il n'avait jamais fait de sport et n'appartenait pas à un club de gym. Il s'en fichait. L'exercice le faisait se sentir mieux et c'est ce qu'il allait faire.
La vie était une épreuve d'endurance
Un logo de triathlon sur le mur de la piscine locale de Mont-Tremblant l'a intrigué. Il aimait la complexité des disciplines mixtes. "Je ne connaissais rien au triathlon", dit Archambault, "mais je connais l'endurance. J'ai enduré toute une vie de ténèbres."
Il s'est adressé à l'équipe d'entraîneurs du RobFit KinCentre à Mont-Tremblant. Il s'est entouré d'athlètes orientés vers les objectifs. Et il a travaillé fort. Mais il ne voulait pas s'entraîner juste pour le plaisir de s'entraîner. Il savait qu'il avait besoin d'un objectif pour rester concentré, pour garder son esprit dans le présent.
C'est pourquoi, en mars, sans combinaison, sans vélo, sans bonne paire de chaussures et sans montre, Archambault s'est inscrit à l'Ironman 70.3 Mont-Tremblant, moins de trois mois avant l'événement. Il n'avait jamais couru plus de 3 km (ce qui, selon lui, a failli le tuer). L'été dernier, il avait réussi le 400 mètres à la nage pour se qualifier pour un poste de sauveteur junior. Mais il avait pris une décision. Au lieu que les démons le poursuivent, il allait les chasser et les écraser sur le parcours de l'Ironman.
"Mon super pouvoir est ma détermination", dit Archambault. Gilbert Ayoub, son nouvel entraîneur, affirme : "Je n'ai jamais vu un jeune avec l'éthique de travail d'Estheban."
Avec chaque bloc d'entraînement, il se sentait plus en contrôle de sa santé mentale. Son père avait souvent dit "un corps sain égale un esprit sain". En remplaçant ses mauvaises habitudes par de bonnes, il savait que son père avait raison.
Ecraser ses démons
Il avait enduré une vie d'anxiété, mais le jour de la course ne l'a pas rendu anxieux. " J'étais concentré ", dit Archambault. "Je savais que cela allait être un défi. Je savais aussi que j'allais finir. Peu importe ce qu'il fallait faire."
Il a franchi la ligne de départ au milieu de plus de personnes que n'en compte sa ville natale de Saint-Rémi-d'Amherst, au Québec. Portant le dossard 777, il était prêt pour la journée. "Le sept est mon chiffre porte-bonheur", dit l'athlète débutant.
Pour le jeune homme qui n'avait appris à utiliser une pompe à vélo que la veille, le jour de la course a été un succès. La " marque de malédiction " tatouée sur son épaule gauche n'en est plus une puisqu'il franchit la ligne d'arrivée de l'Ironman 70.3 Mont-Tremblant en 5 heures et 55 minutes. Cependant, la ligne d'arrivée ne sera pas la fin de quoi que ce soit pour Archambault. C'est l'endroit où il va commencer. "J'ai trouvé ma place ", dit-il.
"Je n'ai plus envie de mourir", dit Archambault. "J'ai trouvé mon chemin dans l'obscurité, et je veux faire briller la lumière pour que d'autres la suivent".
Cathy Bergman a également chassé ses démons dans le couloir d'arrivée de l'Ironman Mont-Tremblant 70.3... quatre fois.
Cet article a été publié dans le numéro de septembre 2022 de Triathlon Magazine Canada.
- Par Cathy Bergman - Cathy, qui se décrit elle-même comme une passionnée des mots, se passionne pour la santé et le bien-être. Athlète à la maturité tardive (elle a couru son premier 5 km à 52 ans), lorsqu'elle n'est pas en train d'essayer une nouvelle paire de chaussures de course Skechers, elle rédige une chronique sur le fitness qui encourage les gens à sortir de leur zone de confort.